Pourquoi l’or attire encore les investisseurs en 2024 ?
L’or a toujours fasciné : il brille, il rassure, il symbolise la richesse et la sécurité. En 2024, alors que les marchés boursiers oscillent au gré des tensions géopolitiques, que l’inflation menace encore le pouvoir d’achat, et que les crypto-monnaies vivent une phase de maturation (ou de désillusion, selon le point de vue), de nombreux particuliers s’interrogent : est-ce le bon moment pour investir dans l’or ?
Depuis des millénaires, l’or est une valeur refuge. Il traverse les crises, résiste aux chocs économiques, et sert souvent de filet de sécurité dans les portefeuilles diversifiés. Mais comme tout investissement, il a ses avantages et ses inconvénients. Voici un éclairage complet, pragmatique et accessible pour comprendre les véritables enjeux d’un investissement aurifère en 2024.
Les avantages fiscaux de l’or physique
La fiscalité de l’or en France dépend du mode de détention et de la durée de conservation. Contrairement à certains placements financiers plus lourdement taxés, l’or bénéficie d’un statut fiscal relativement favorable, ce qui renforce son intérêt.
- L’exonération d’impôt après 22 ans : Comme pour les biens immobiliers, la plus-value réalisée lors de la revente de l’or est exonérée d’impôt sur le revenu après 22 ans de détention. Elle bénéficie même d’un abattement progressif au-delà de la 3e année.
- Deux régimes fiscaux au choix : Lors de la revente d’or physique (pièces, lingots), vous avez le choix entre :
- La taxe forfaitaire sur les métaux précieux (TFMP) : 11,5 % du montant total de la vente (10 % de taxe + 1,5 % de prélèvements sociaux), sans prise en compte de la plus-value réelle.
- Ou le régime de la : 36,2 % sur la plus-value (19 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux), avec abattement annuel après 2 ans et exonération totale au bout de 22 ans (article 150 VI du Code général des impôts).
Ce choix peut être stratégique : si vous n’avez pas de justificatif de prix d’achat, la TFMP est votre seule option. Sinon, la taxation sur la plus-value réelle peut se révéler bien plus avantageuse, surtout si vous avez détenu votre or pendant longtemps.
Les différents moyens d’investir dans l’or
Investir dans l’or ne signifie pas forcément cacher des lingots dans votre matelas (spoiler alert : très mauvaise idée). Voici les principales solutions accessibles aux particuliers :
- L’or physique : lingots, lingotins, pièces d’or (Napoléons, 20 francs, Krugerrand…). Il offre une sécurité tangible, mais implique des coûts additionnels : stockage sécurisé, frais de courtage, assurance, etc.
- L’or papier : ETF (trackers sur l’or), fonds communs de placement adossés à l’or, certificats. Plus liquide, il offre une exposition au prix de l’or sans les tracas du stockage. En contrepartie, le risque de contrepartie (l’émetteur peut faire défaut) existe.
- Les actions de sociétés aurifères : investir dans des mines d’or, c’est spéculer à la fois sur l’or et sur la performance de l’entreprise. Effet de levier intéressant… ou prise de risque décuplée.
En fonction de votre profil, de votre tolérance au risque et de votre horizon de placement, le véhicule d’investissement à privilégier sera différent. Personnellement, je conseille souvent de panacher les approches pour équilibrer sécurité et performance.
Quels sont les risques à connaître ?
Comme tout investissement, l’or ne garantit pas une rentabilité certaine. Il est essentiel d’être conscient des risques potentiels pour ne pas investir les yeux fermés.
- La volatilité de son cours : l’or est loin d’être un placement stable. Il peut connaître des hausses spectaculaires en période de crise, mais aussi des baisses prolongées en période de croissance économique. Sur la période 2011-2015, par exemple, l’or a perdu près de 40 % de sa valeur.
- Le rendement zéro : point important : l’or ne génère pas de revenus. Pas de dividendes comme les actions, pas de loyers comme l’immobilier. Il faut compter uniquement sur la plus-value. Cela en fait un actif de conservation, pas de croissance.
- Le risque de cambriolage ou de perte physique : pour les détenteurs d’or physique, la question du stockage est cruciale. Coffre-fort personnel, banque, société spécialisée ? Chaque solution a un coût et un niveau de sécurité différent.
Investir dans l’or, c’est donc sécuriser une partie de son patrimoine, mais certainement pas tout miser dessus. Une règle que je conseille souvent : 5 à 10 % de l’ensemble des investissements en or, pas plus.
Quelles sont les perspectives pour l’or en 2024 ?
Tout porte à croire que l’or pourrait encore jouer un rôle stratégique en 2024, mais pas sans incertitudes. Voici les faits les plus marquants à retenir :
- Inflation persistante : même si elle diminue lentement, l’inflation reste supérieure aux objectifs des banques centrales. Or, historiquement, l’or est recherché comme protection contre la perte de valeur de la monnaie.
- Incertitudes géopolitiques : guerre en Ukraine, tensions en Asie, instabilité politique dans certaines zones… autant d’éléments favorables à une montée de l’or, le traditionnel « refuge » des temps troubles.
- Taux d’intérêt : si les banques centrales commencent à baisser les taux pour relancer l’économie, l’or pourrait bénéficier d’un regain d’attractivité. En effet, lorsque les rendements des obligations chutent, l’absence de rendement de l’or devient moins pénalisante.
Ajoutons à cela une demande soutenue des banques centrales, notamment en Asie, qui stockent massivement de l’or depuis plusieurs années. Selon le World Gold Council, les banques centrales ont acheté plus d’or en 2023 que sur n’importe quelle année depuis 1950. Une dynamique qui se poursuit début 2024.
Alors, faut-il investir dans l’or cette année ?
Tout dépend de votre situation personnelle. L’or en 2024 reste un excellent outil de diversification, particulièrement utile pour sécuriser une partie de votre épargne en période d’incertitude. Il n’est ni un placement miracle ni une relique dépassée.
Si vous êtes jeune investisseur, encore en phase d’accumulation de capital, privilégiez les actifs productifs (actions, immobilier). Si vous avez un patrimoine plus mature, un peu d’or dans votre portefeuille pourrait offrir une protection bienvenue contre la volatilité économique.
Enfin, gardez à l’esprit que l’or est une assurance, pas une machine à cash. Il protège, il stabilise, mais ne remplace pas une stratégie financière globale et bien pensée.
Je suis Leopold Vignan. Je conseille les particuliers sur les sujets de finances personnelles et le crédit. J’ai obtenu mon master en finances à l’université de Paris. Je suis rédacteur du site Moneyblog.fr depuis 2018.