Comprendre la remontée des taux d’intérêt en 2024
Depuis le début de l’année 2024, les taux d’intérêt remontent à une vitesse qui en surprend plus d’un. Si vous suivez un minimum l’actualité économique, vous avez certainement remarqué que cette hausse fait la une des journaux financiers. Mais que signifie-t-elle pour vos placements ? Votre assurance-vie, votre crédit immobilier ou encore votre épargne sont-ils en danger ? Ou au contraire, y a-t-il des opportunités à saisir ? Spoiler alert : tout dépend de votre profil et de votre horizon d’investissement.
Avant de plonger dans les impacts précis, commençons par une mise au point rapide. Les taux d’intérêt sont fixés en partie par les banques centrales, comme la Banque centrale européenne (BCE) pour l’Union européenne ou la Réserve fédérale (Fed) aux États-Unis. Leur remontée est généralement une réponse à une inflation persistante, un peu comme une cure de rigueur après une période d’euphorie monétaire. En 2021 et 2022, les taux étaient à des niveaux historiquement bas. En 2023, la BCE a amorcé une série de hausses pour calmer l’inflation. En 2024, la tendance reste haussière, et cela n’est pas sans conséquences…
Des placements obligataires sous tension mais pas morts
Commençons par un classique : les obligations. Si vous possédez des obligations anciennes, achetées lorsque les taux étaient bas, il y a fort à parier que leur valeur a chuté. Pourquoi ? Parce que de nouvelles obligations arrivent sur le marché avec des rendements plus attractifs. Résultat : les anciennes sont moins sexy pour les investisseurs.
Mais tout n’est pas noir pour autant. Si vous avez du cash disponible à investir aujourd’hui, les obligations peuvent redevenir attractives, notamment les obligations souveraines ou d’entreprises solides. Ce retour en grâce est une aubaine pour les investisseurs prudents qui veulent sécuriser leur capital tout en obtenant un rendement mi-figue mi-raisin (mais plus intéressant qu’un Livret A, convenons-en).
À noter que cet environnement est aussi propice à la diversification via des fonds obligataires ou même des fonds datés, de plus en plus populaires ces derniers mois. En effet, ceux-ci permettent de « bloquer » un rendement connu à l’avance pour une durée déterminée, ce qui est une stratégie défensive face aux incertitudes du marché.
L’immobilier : fin des taux bas, nouvelles stratégies
La hausse des taux a un impact direct sur le crédit immobilier. En 2024, emprunter coûte plus cher. Les taux moyens des crédits immobiliers dépassent désormais 4 %, un niveau que nous n’avions plus vu depuis plus de 10 ans.
Pour les primo-accédants, cela signifie une capacité d’emprunt réduite. Pour les investisseurs locatifs, la rentabilité doit être analysée avec précision. Le cash-flow positif devient plus difficile à atteindre sans apport conséquent ou sans hausse significative des loyers. Cela oblige à revoir les stratégies : viser des biens avec un meilleur rendement brut, optimiser la fiscalité via le LMNP ou le déficit foncier, ou encore se tourner vers des villes moyennes en plein développement.
Mais ne brûlons pas l’immobilier trop vite. Historiquement, il reste une valeur refuge, surtout si l’on adopte une vision long terme. Et paradoxalement, la baisse des acheteurs solvables crée des opportunités de négociation. Les vendeurs commencent à revoir leurs prix à la baisse – et ça, c’est une bonne nouvelle si vous savez détecter les bonnes affaires.
L’assurance-vie retrouve des couleurs
On l’avait presque enterrée, et pourtant… Le fonds euros de l’assurance-vie fait un retour remarqué. En 2023, les rendements ont commencé à remonter timidement, mais en 2024, certains contrats flirtent avec des rendements de 3% ou plus (bruts de frais). Pourquoi ? Tout simplement parce que ces fonds sont majoritairement investis en obligations, et qu’ils bénéficient enfin de la remontée des taux pour réinjecter dans leur portefeuille des titres plus rémunérateurs.
Attention toutefois : tous les fonds euros ne se valent pas. Il faut regarder la solidité de l’assureur, les frais de gestion et les performances passées… tout en sachant qu’elles ne préjugent pas des performances futures, comme le rappellent nos amis de l’AMF dans chaque plaquette !
Pour les profils prudents à équilibrés, l’assurance-vie redevient un outil intéressant. D’autant plus si l’on combine un fonds euros dynamique, quelques unités de compte bien choisies (immobilier, ETF, thématiques sectorielles) et une gestion pilotée adaptée à l’âge et aux objectifs.
Épargne réglementée : de la visibilité, mais des limites
Le Livret A, le LDDS ou encore le LEP profitent également de cette remontée des taux, du moins en façade. Depuis février 2023, le taux du Livret A est figé à 3 %, ce qui en fait une bonne solution de court terme ou de réserve de sécurité. Le LEP, quant à lui, propose 6 %, mais n’est accessible qu’à une partie de la population – sous condition de revenus.
Le hic ? Les plafonds. Impossible d’y loger une grosse somme. Et pour une stratégie patrimoniale globale, on ne peut pas se contenter de ce type de placement. Il faut voir cette épargne réglementée comme le matelas de sécurité, pas comme l’oreiller principal de votre patrimoine.
Repenser sa stratégie patrimoniale en 2024
La période actuelle – marquée par la fin de l’argent facile – doit être vue comme un appel à la réflexion. Plutôt que de s’éparpiller, il est temps de revoir sa stratégie sous l’angle de la résilience financière. Voici quelques pistes à envisager :
- Revoir l’allocation d’actifs : équilibrer entre actifs risqués (actions, cryptos) et défensifs (obligations, or, immobilier).
- Allonger son horizon d’investissement : les périodes de taux élevés ne durent pas éternellement. Il est parfois plus intéressant d’entrer tôt sur un marché en baisse, surtout pour des placements à 8-10 ans.
- Optimiser sa fiscalité : certains dispositifs, comme le PER individuel ou le statut LMNP, permettent de réduire la pression fiscale tout en préparant l’avenir.
- Profiter des cracks dans le marché : quand certains paniquent, d’autres achètent. La baisse de l’immobilier ou les obligations délaissées peuvent offrir des points d’entrée intéressants.
Se faire accompagner pour ne pas naviguer à vue
On peut vite se sentir perdu face aux fluctuations de marché et aux nouvelles règles du jeu. C’est pourquoi l’accompagnement d’un conseiller en gestion de patrimoine ou d’un expert en finances personnelles est essentiel pour prendre les bonnes décisions. En 2024, plus que jamais, la gestion patrimoniale ne se résume pas à choisir un produit, mais à définir une stratégie globale, cohérente avec votre situation personnelle, vos objectifs de vie et votre tolérance au risque.
Le retour des taux élevés peut faire peur, mais il redonne aussi du sens à l’épargne et au rendement. Et si c’était finalement une chance de se (re)poser les bonnes questions et d’investir avec plus de discernement qu’à l’époque des taux zéro ?
Je suis Léopold Vignan, conseiller en finances personnelles et en crédits. Diplômé d’un Master en finances à l’Université de Paris, je vous accompagne sur Moneyblog.fr depuis 2018 pour vous aider à mieux gérer votre argent, faire fructifier votre patrimoine et prendre des décisions éclairées.
