Le monde des cryptomonnaies peut souvent sembler déroutant, surtout lorsque de nouveaux termes et concepts émergent régulièrement. L’un de ces termes est « stablecoin ». Alors, qu’est-ce qu’un stablecoin ? Bien que le concept puisse paraître complexe, il est en réalité un outil simple et ingénieux conçu pour atténuer les fluctuations souvent drastiques des prix des cryptomonnaies. Plongeons ensemble dans cet univers fascinant.
Les bases du stablecoin
Un stablecoin est une cryptomonnaie qui est conçue pour minimiser la volatilité des prix en étant adossée à des actifs stables. Contrairement à des cryptomonnaies comme le Bitcoin ou l’Ethereum, dont la valeur peut fluctuer énormément en une journée, les stablecoins cherchent à maintenir une valeur fixe ou quasi-fixe.
Ces actifs stables peuvent être de différentes natures :
Pourquoi utiliser un stablecoin ?
La volatilité est un frein majeur à l’adoption généralisée des cryptomonnaies. Imaginez que vous achetez un café pour 5 euros et que, quelques heures plus tard, la valeur de la cryptomonnaie que vous avez utilisée diminue de 20%. Cette imprévisibilité rend les cryptomonnaies classiques moins attrayantes pour les transactions quotidiennes. C’est ici que les stablecoins interviennent.
Le principal avantage des stablecoins est leur stabilité, ce qui les rend particulièrement utiles dans divers contextes :
Comment fonctionnent les stablecoins ?
Les stablecoins peuvent être classés en trois grandes catégories en fonction de leur méthode de stabilisation : les stablecoins collatéralisés par des monnaies fiduciaires, les stablecoins collatéralisés par des cryptomonnaies et les stablecoins algorithmiques.
Stablecoins collatéralisés par des monnaies fiduciaires
C’est le type le plus simple et souvent le plus populaire. Les émetteurs de ces stablecoins détiennent des réserves en monnaies fiduciaires (comme le dollar ou l’euro) équivalentes à la valeur des stablecoins en circulation. Par exemple, chaque USDT (Tether) est censé être adossé à un dollar américain en réserve.
Ces réserves sont vérifiées par des audits pour garantir leur intégrité, bien que certaines controverses aient soulevé des questions sur la transparence de ces audits. Les régulateurs financiers surveillent également ces pratique, ce qui a conduit à des débats législatifs et des actions réglementaires, notamment aux États-Unis.
Stablecoins collatéralisés par des cryptomonnaies
Ces stablecoins sont adossés à des paniers de cryptomonnaies plutôt qu’à des monnaies fiduciaires. Pour compenser la volatilité des cryptomonnaies sous-jacentes, ces stablecoins sont souvent surcollatéralisés. Par exemple, pour émettre un stablecoin valant 1 dollar, l’émetteur peut devoir déposer une crypto-monnaie dont la valeur équivaut à 1,5 dollar.
Un exemple notable est le DAI de MakerDAO, qui est collatéralisé par des ETH (Ethereum) et d’autres actifs numériques. Le système utilise des contrats intelligents pour gérer automatiquement la garantie et maintenir la stabilité.
Stablecoins algorithmiques
Ces stablecoins n’utilisent pas de réserves traditionnelles. À la place, ils emploient des algorithmes et des contrats intelligents pour réguler l’offre en fonction de la demande. Si la valeur du stablecoin dépasse celle du dollar, de nouveaux jetons sont créés pour augmenter l’offre et faire baisser le prix. Inversement, si la valeur tombe en deçà du dollar, des jetons sont rachetés pour réduire l’offre et augmenter le prix.
Il est à noter que cette méthode reste la plus expérimentale et a rencontré divers défis et échecs notoires dans la pratique.
Les régulations et les défis
L’essor des stablecoins n’est pas passé inaperçu aux yeux des régulateurs. En raison de leur lien avec les monnaies fiduciaires et de leur potentiel d’usurpation des transactions traditionnelles, ils ont attiré l’attention de nombreuses autorités à travers le monde. En France, par exemple, l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) et l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) examinent de près le développement des stablecoins.
Aux États-Unis, le Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN) impose aux émetteurs de stablecoins de se conformer aux mêmes réglementations que celles imposées aux institutions financières, telles que le respect de la loi sur le secret bancaire (Bank Secrecy Act) et la loi PATRIOT.
Par ailleurs, le Groupe d’action financière (GAFI) a publié des lignes directrices sur les actifs virtuels et les fournisseurs de services d’actifs virtuels, soulignant la nécessité pour les stablecoins de se conformer aux normes internationales de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (AML/CFT).
Malgré la promesse de stabilité, les stablecoins ne sont pas sans risques :
L’avenir des stablecoins
À mesure que le paysage des cryptomonnaies évolue, les stablecoins sont de plus en plus perçus comme un pont entre les monnaies fiduciaires traditionnelles et le monde numérique. Ils offrent une stabilité précieuse tout en permettant l’utilisation accrue des technologies blockchain.
Les grandes entreprises technologiques et les institutions financières explorent également l’émission de leurs propres stablecoins. Par exemple, Facebook (aujourd’hui Meta) a lancé le projet Diem (anciennement Libra), bien que le projet ait rencontré de nombreux obstacles réglementaires. De plus, plusieurs banques centrales, dont la Banque Centrale Européenne (BCE), envisagent de lancer leurs propres monnaies numériques de banque centrale (CBDC), qui peuvent être considérées comme une forme de stablecoin émis par l’État.
En somme, les stablecoins représentent une innovation significative dans l’écosystème financier mondial. Ils allient la flexibilité et la rapidité des cryptomonnaies à la stabilité des actifs traditionnels, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour les transactions financières et l’inclusion économique. Cependant, comme pour toute innovation, une compréhension approfondie et une vigilance réglementaire sont essentielles pour tirer pleinement parti de leur potentiel tout en minimisant les risques associés.
Je suis Leopold Vignan, je conseille les particuliers sur les sujets de finances personnelles et le crédit, et j’ai un master en finances à l’université de Paris. Je suis rédacteur du site Moneyblog.fr depuis 2018.